Introduction : comment j’ai transformé un sport gratuit en impôt mensuel

Au début, j’y croyais vraiment.

Le trail, disaient-ils, “c’est simple” : tu mets une paire de chaussures, tu sors, tu cours. La nature. Le minimalisme. La liberté.

Spoiler : c’est du mytho.

Le jour où je suis entré dans un magasin spécialisé, j’ai vu une chaussure à 179€ portant plus de mots-clés qu’un CV de développeur junior : Ultra / Pro / Carbon / 2.0 / Performance / Reactive Foam / Miracle.

Je suis reparti avec :

  • une paire de chaussures : 179€
  • des chaussettes “anti-frottements” : 22€
  • une banane de trail (pas le fruit) : 38€
  • une flasque : 20€
  • un t-shirt “qui respire mieux que moi” : 89€

À ce moment précis, j’ai compris deux choses :

  1. Le trail est gratos uniquement si tu ne le pratiques jamais.
  2. J’allais devoir développer des excuses très solides pour continuer à claquer autant de thunes.

Voici donc les 10 excuses officielles du traileur fauché mais heureux.


1) “C’est un investissement.”

Le mensonge fondateur.

Tu dépenses 170€ dans une paire et ton cerveau lance un TED Talk :

  • “C’est pour la santé.”
  • “Tu vas amortir.”
  • “0,23€ par kilomètre, c’est rentable.”

La réalité ? Tu viens juste d’investir dans ta propre pauvreté.


2) “C’était en promo.”

Le piège absolu.

Tu vois un short 65€ → 59€. Ton cerveau hurle :

“On économise 6€, fonce !!”

En vrai :

  • tu ne le voulais pas
  • tu n’en avais pas besoin
  • tu ne savais pas qu’il existait il y a 30 secondes

Mais comme c’est en promo, tu deviens le CFO de ta propre mauvaise foi.


3) “Cette chaussure va changer ma vie.”

Tu la regardes comme si la NASA l’avait fabriquée. Tu touches la semelle, tu compares l’amorti, tu fais trois foulées dans l’allée.

Dans ta tête : “Je vais courir plus vite.”

Dans la réalité : Tu vas courir pareil. Mais avec 179€ en moins.


4) “J’en ai besoin pour les longues distances.”

Même si ta “longue distance” du dimanche, c’est 15 km + un croissant.

Mais acheter une chaussure “Ultra / Pro / Endurance / 100 Miles Ready™” te donne l’impression d’être un athlète élite.

L’illusion est totale. L’arnaque aussi.


5) “Je vais m’en servir toute l’année.”

Phrase prononcée uniquement en achetant une veste coupe-vent à 149€.

Utilisation réelle :

  • 3 fois en janvier
  • 1 fois en novembre
  • 18 fois en stories Instagram

Taux de rentabilité : 1% Taux de style : 100%


6) “C’est pour le confort.”

Le joker universel.

Avec cette phrase, tu peux absolument tout justifier :

  • chaussettes : 22€
  • caleçon : 34€
  • short : 65€
  • gants : 55€
  • manchons : 40€

Résultat : Tu ressembles à Iron Man pour un footing de 8 km.


7) “C’est pour Mallorca / UTMB / mon ultra.”

Même si ton ultra est dans 9 mois. Même si tu n’es pas encore inscrit. Même si tu vas tout racheter la veille.

Mais ça reste une excuse validée par la Fédération Internationale des Traileurs en Déni.


8) “Cette montre va optimiser mon training.”

Tu achètes une montre à 499€, elle te dit :

  • “Tu dors mal.”
  • “Tu récupères mal.”
  • “Tu es fatigué.”
  • “Ne cours pas aujourd’hui.”

Et toi ? Tu ignores tout. Tu pars faire un 10×400 “à la sensation”.

Le cercle de la bêtise sportive est parfait.


9) “Celui-là, je ne l’avais pas encore.”

Tu vois une paire fluo. Électrique. Illégale pour les yeux humains.

Tu dis :

“J’ai pas orange.”

Comme si tu complétais un Pokédex. Le PokéTrail.


10) “Je le mérite.”

Le boss final.

Tu fais une sortie longue, tu rentres détruit mais fier. Tu t’offres un short à 130€.

Et tu dors comme un bébé. Un bébé sans économies.


Bonus : le scandale des dossards hors de prix

Exemple réel : 10 km de Montmartre → 42€ en janvier 2026.

Tu paies :

  • pour monter des escaliers
  • pour courir dans le froid
  • pour respirer du diesel
  • pour finir dans une côte ignoble

Et le pire ? Tu dis que “c’était incroyable”.


Bonus : les influenceurs qui nous ruinent

Ils courent dans les Alpes, en 4K, avec un short à 90€, une veste à 280€, et concluent par :

“-10% avec mon code RUNBG10 ✨”

Tu l’essaies. Ça ne marche pas. Tu paies plein pot. Et tu dis merci.


Les vérités qui piquent

  • On n’achète pas du matos pour performer. On achète pour espérer performer.
  • On n’a pas besoin de tout ça. Mais on adore y croire.

Au fond, les traileurs sont pauvres financièrement… mais riches en chaussures, flasques, casquettes, gels, illusions.

Et franchement ? C’est magnifique. (Non. C’est tragique. Mais un peu magnifique quand même.)